Sorti en septembre 2014 sur PC, PS3, PS4, Xbox360 et Xbox One et développé par les français de Frogwares, Sherlock Holmes : Crimes & Punishments nous fait incarner le célèbre détective Londonien dans une série de six enquêtes. Proposé en téléchargement gratuit sur Xbox One dans le programme « Games with Gold » de mars 2016, nous en avons profité pour tester un jeu qui avait reçu de bonnes critiques à sa sortie et qui semblait posséder tous les atouts pour nous plaire. Ce test confirmera que tous les goûts sont dans la nature…
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que nous avons seulement terminé la première enquête (d’une durée d’environ 4h), avant de laisser tomber pour les raisons que nous évoquerons plus loin dans le test. Cependant, pas d’inquiétudes, une enquête suffit amplement pour se rendre compte des principales qualités et défauts de ce jeu.
« Elémentaire mon cher… Watson ?»
Nous voici donc aux commandes du plus célèbre détective au monde, Sherlock Holmes, dans le Londres du XIXème siècle. Assisté (ou pas) de notre acolyte John Watson et de l’inspecteur Lestrade de Scotland Yard, nous allons être amené à enquêter sur six affaires que seuls nos talents de déduction et d’observation peuvent résoudre. Pourquoi ai-je mentionné « ou pas » ? Tout simplement car le personnage du Dr Watson est complètement inutile. Très cliché et agaçant dans son comportement, il n’est bon qu’à rester assis à la table de l’appartement et à commenter la dernière action que nous avons effectuée. C’est bien dommage que le personnage soit si peu exploité. Mais passons.

Moi inutile ? Répète un peu ça !
Beaucoup de fonctions et peu d’explications : un gameplay confus
Notre rôle consiste à se rendre sur les différents lieux de l’enquête, à chercher et examiner des preuves, interroger des témoins et potentiels suspects et à formuler des déductions. Un travail de détective classique en somme, mais avec quelques particularités. Sherlock Holmes est capable de voir des objets manquants dans une pièce (par exemple grâce à des traces de poussières), ainsi que de s’imaginer à quoi les objets ressemblaient. Ces capacités sont utilisables avec deux modes : « mode vision » et « mode imagination ». Il est également capable de dresser un portrait détaillé d’une personne juste à son apparence physique. Nous devrons examiner la personne et sélectionner les éléments qui donnent des indices sur elle (un tatouage de marin par exemple). En plus de ça, nous avons accès à un mode de déduction, qui nous permettra de choisir l’issue de l’enquête. Vous vous dites que ça fait beaucoup ? Ce n’est pas fini ! En plus de tout ça, le jeu contient également des mini-jeux divers et des QTE. Tout cela peut paraître réjouissant, mais la vérité est décevante. La maniabilité laisse à désirer. Notre personnage est lent, se bloque régulièrement contre des murs invisibles (un des trucs que je trouve les plus frustrants dans le jeu vidéo !). Le jeu nous offre beaucoup de fonctions qui auraient pu être intéressantes, mais elles sont mal exploitées, et surtout, mal expliquées. Les explications pour les mini-jeux sont confuses. Ils sont très rébarbatifs. Les développeurs ont du s’en rendre compte, puisqu’ils ont ajouté la possibilité de les zapper directement. Toutes ces mécaniques de gameplay mal exploitées ont forcément un impact sur la narration.
Une narration bancale et fade
Pour faire un bon jeu d’enquête policière il faut, entre autres, une narration maîtrisée, afin de maintenir un certain mystère et du suspens jusqu’à la fin. Malheureusement, la narration de la première enquête du jeu ne donnait pas cette impression. Pour commencer, tout est mal expliqué. On se retrouve souvent bloqué faute de trop peu d’informations sur nos objectifs. On se retrouve à parler à des gens, faire des actions ou aller dans des lieux au hasard pour pouvoir avancer dans l’histoire, et on se dit « Ah bon ? Il fallait vraiment faire ça pour avancer ? ». En effet, le jeu nous place dans la peau de Sherlock Holmes et attend de nous que nous soyons capable de faire les mêmes déductions que lui, ce qui est bien sûr impossible. Par exemple, lorsque Sherlock Holmes dresse les portraits des suspects, il devine des choses auxquelles on aurait jamais pu penser, et nous devons deviner « comment Sherlock a pu deviner cette information ». Au final, on est sensé incarner Sherlock Holmes mais ce point nous fait clairement sortir du personnage. Pour la première enquête, le dénouement est décevant. Il n’y a aucune surprise, aucun rebondissement. Le coupable est bien trop facile à identifier. Mais ce qui nous a complètement fait sortir du jeu, c’est le fait qu’on « choisisse » le coupable. Il n’y a pas de conséquences si nous choisissons le mauvais coupable, et d’ailleurs nous pouvons continuer le jeu même en ayant accusé un homme à tort. Cette caractéristique du jeu n’est pas forcément un défaut car certains pourront l’apprécier, mais en ce qui nous concerne, on attendait autre chose d’un jeu d’enquête tel que celui-ci.
Visuellement plein, musicalement vide
Le jeu tourne sur le moteur Unreal Engine 3. Visuellement, on peut dire que c’est une réussite. Les personnages, bien qu’un peu inexpressifs, tiennent la route graphiquement. Les environnements fourmillent de détails très appréciables : l’appartement de Sherlock et Watson, rempli de bibelots acquis au cours des aventures du détective, reflète bien cette richesse graphique. On peut même apercevoir par les fenêtres le peuple londonien qui vaque à ses occupations habituelles de manière plutôt réaliste. Il est assez amusant de noter la présence de quelques easter eggs humoristiques. Quant au son, je suis beaucoup plus mitigée. Les doublages avec l’accent « british » sont réussis. En revanche, l’ambiance sonore est quasiment inexistante. Aucune musique (du moins dans la première enquête), juste le silence, ce qui rend le jeu soporifique (surtout quand on y joue le soir dans son lit après une longue journée – c’est du vécu). Le jeu ayant un rythme déjà assez lent, il aurait été judicieux d’intégrer de la musique. Et c’est dommage car l’univers de Sherlock Holmes offrait un potentiel important de musiques au violon (l’instrument fétiche du détective) et de musiques d’enquête ou mystérieuses qui auraient pu donner un vrai charme au jeu. Bref, ici, le silence sera votre seul compagnon.

L’appartement de Sherlock

Easter egg : Sherlock le voyeur aux goûts étranges…
Points positifs :
- Graphismes travaillés, beaucoup de détails
- Bon doublage
- Accès à nos déductions et carnet pendant les temps de chargement
- Les easter eggs
Points négatifs :
- Absence totale de musique
- Mini-jeux rébarbatifs
- Personnage de Watson inutile
- Maniabilité lourde
- Mécaniques de gameplay confuses
- Scénario sans surprise pour la première enquête
Sherlock Holmes : Crimes and Punishments avait un gros potentiel. Incarner le charismatique détective dans l’incroyable univers d’Arthur Conan Doyle ne pouvait que réjouir les fans du genre. En effet, le jeu parvient aisément à retransmettre l’ambiance des célèbres romans, au point de vue graphique et doublage. On regrette cependant l’absence d’implication des développeurs concernant les musiques, et surtout du personnage de Watson. Le jeu aurait pu être une réussite dans son gameplay si les mécaniques et les différentes fonctions proposées étaient mieux expliquées au joueur et si les mini-jeux n’étaient pas aussi rébarbatifs. La narration est mal maîtrisée et le scénario de la première enquête décevant. Au final, on tourne en rond, on s’ennuie, on cherche à tâtons… et on ne s’amuse pas.
Aucun commentaire